Mille et une plantes

Mille et une plante - botanique en Vaucluse

Mille et une plantes

Découvrez les secrets de la nature

5 – Pin d’Alep – Pinus halepensis Mill.

Sentier numérique ethnobotanique NFC

Pin d'Alep

Famille des Pinaceae

Cette famille appartient au groupe des gymnospermes (= à graine nue).

Le pin d’Alep est appelé parfois pin blanc (mais il n’est pas le seul) ou pin de Jérusalem. 

Les incendies font éclater ses cônes et projeter ses graines au loin. C’est une espèce qui, bien qu’indigène en Provence, fut utilisée pour les reboisements post-incendies en raison de sa croissance rapide et de sa rusticité.

Cette pratique fut tellement décriée que des militants ont appelé à leur arrachage il y a quelques années. Il fut accusé d’être la cause des incendies. C’est vrai qu’il s’enflamme vite mais c’est aussi une espèce colonisatrice.

On commence enfin à apprécier ses qualités à la hauteur de la connaissance de ses défauts.

Ses hôtes

Le pin possède une arme redoutable contre les insectes parasites trop gourmands qui osent s’attaquer à son bois ou son écorce : la résine.

Stockée dans des canaux spécifiques du bois et de l’écorce, l’arbre noie ainsi les champignons ou les insectes qui veulent y pénétrer et s’y reproduire. Il utilise aussi l’arme chimique que sont les terpènes pour se défendre différentes attaques.

Les chenilles processionnaires y font un nid en forme de bourse ovoïde.

En 1508, ces chenilles furent mêmes assignées en justice par l’évêque de Nice en raison de leurs nuisances. 

On retrouve des traces de procès contre les chenilles et les mulots jusqu’au 19ème siècle dans les archives paroissiales. Les accusés avaient droit à un défenseur qui argumentait en leur faveur. Ainsi ces animaux ont-ils été condamnés à se retirer dans six jours sous peine d’être maudits et excommuniés.

Les larves de l’ergate forgeron longicorne, (cossus en Provence), creusent des galeries dans son tronc. Elles représentaient un met de choix pour les romains qui les accommodaient de façon compliquée.

Notre célèbre entomologiste, Jean-Henri Fabre raconte dans ses souvenirs qu’il a voulu y goûter lors d’un repas réunissant famille et amis. Dans une scène pas piquée des hannetons, il y décrit la consistance et le goût de cette grosse larve : « Le témoignage est unanime. Le rôti est juteux, souple et de haut goût. ». La totalité de la scène est à mourir de rire, à lire absolument. (Tome II, dixième série, chapitre 6).

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Le pin d'Alep et le risque d'incendie

Alimentation

En France on confectionne un plat délicieux, l’éclade, composé de moules dressées sur un plat, recouvertes d’aiguilles de pin auxquelles on met le feu. En Provence ce plat sera réalisé plutôt avec du pin d’Alep tandis qu’ailleurs ce sera du pin maritime.

La résine du pin d’Alep aromatise toujours le vin résiné Grec Retsina, vin d’appellation traditionnelle dont la production est réservée à la Grèce. Il faut 1kg/hectolitre, 3000 tonnes de résine sont utilisées par an en Grèce. Les grecs privilégient les cépages Saviatano ou plus rarement Rhoditis et Assyrtiko. Le vin est ensuite vieilli en fûts de bois de cyprès.

Même si le pignon de pin parasol est bien plus connu, celui du pin d’Alep est malgré tout consommable. En Tunisie, où le pin d’Alep est abondant, on se régale avec un dessert appelé Assida de Zgougou, à base de graines d’Alep, farine, sucre, fruits secs et lait concentré. On cuisine avec de la pâte de pignons de pin d’Alep ou de la poudre. Parfois, la pâte est dégraissée en étant séparée de son huile.

Dans certains pays, des messages du ministère de la santé incitant à limiter la consommation de pignons de pin d’Alep et de ses dérivés sont diffusés afin d’éviter une obésité morbide.